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24 mars 2015 2 24 /03 /mars /2015 10:10

Lien vers son blog : https://bouamamas.wordpress.com/2015/03/22/le-mur-meurtrier-de-la-mediterranee-lassassinat-institutionnel-de-masse-de-lunion-europeenne/

21 mars 2015
Saïd Bouamama

 

3419 migrants sont morts en 2014 en tentant de traverser la Méditerranée selon l’agence de Nations-Unies pour les réfugiés(1). Ce chiffre macabre fait de la Méditerranée la frontière la plus meurtrière, le nombre total de décès pour le monde entier étant de 4272. Sur une durée plus longue ce sont plus de 20 000 migrants qui ont perdu la vie depuis l’an 2000. La tendance est de surcroît à une hausse permanente, l’année 2014 ayant battu tous les records en laissant loin derrière le précédent pic qui était de 1500 décès en 2011. Les discours politiques et médiatiques construisent chaque nouveau drame comme des catastrophes imprévisibles sur lesquelles les gouvernements européens n’auraient aucune prise et aucune responsabilité. Le discours de la catastrophe cache un processus d’assassinat de masse de l’Union Européenne.

 

mediterranée

 

Les angles morts sur les causes structurelles

 

Le premier angle mort des discours politiques et médiatiques est celui des causes économiques poussant des dizaines de milliers d’Africains à risquer leurs vies dans des traversées qu’ils savent meurtrières. Depuis les indépendances politiques de la décennie 60, d’autres mécanismes que l’occupation militaire directe sont venus prendre le relais pour assurer la reproduction du « pacte colonial » c’est-à-dire la construction des économies africaines selon les besoins de l’Europe et non selon les besoins des peuples africains. Sans être exhaustif rappelons quelques-uns de ces mécanismes.


Les accords de coopération économique, financière et monétaire que les différents pays européens imposent aux pays africains impliquent une vente des matières premières à des coûts inférieurs à celui du marché mondial et interdisent la taxation des produits importés d’Europe. Prenons l’exemple du dernier accord signé entre l’Union Européenne et les 15 États de l’Afrique de l’Ouest dit « Accord de partenariat économique » (APE). Cet accord interdit la taxation des 11, 9 milliards d’euros de produits importés par l’Union Européenne en 2013. Il met ainsi l’agriculture vivrière locale en concurrence avec l’agriculture industrielle européenne poussant à la misère des centaines de milliers de paysans. Les conséquences coulent de source :
« Cet Accord renforcera une migration massive de populations privées d’avenir dans leur pays, dans une situation où la population d’Afrique de l’ouest fera plus que doubler d’ici 2050, atteignant 807 millions d’habitants (contre 526 millions pour l’UE à la même date), et dans un contexte de réchauffement climatique particulièrement accentué dans cette région.(2) »
Le caractère exploiteur de ces accords est tel que le professeur Chukwuma Charles Soludo, déclare le 19 mars 2012 que l’APE d’Afrique de l’Ouest constitue un (AO) « second esclavage(3). Mais l’APE n’est que la systématisation à grande échelle de logiques de mises en dépendance antérieures comme « l’aide liée » imposant le recours aux entreprises françaises en échange d’un financement de projets d’aménagement, les Plans d’Ajustement Structurel imposant des réformes libérales en échange d’un crédit ou d’un report de remboursement d’une dette, ou pire encore l’institution du Franc CFA qui permet le contrôle des politiques monétaires de la zone franc. Ces causes directes de la paupérisation africaine et de la pression migratoire sont tues par le discours politique et médiatique dominant. Elles démentent l’idée d’une catastrophe imprévisible sur laquelle l’homme n’aurait aucune prise. Le discours médiatique de la catastrophe n’est qu’un processus de masquage des causes économiques structurelles.


Bien sûr de tels mécanismes ne sont possibles que par le recours direct ou indirect à la force allant de l’assassinat des opposants à ces politiques en passant par les coups d’Etats ou les guerres ouvertes. C’est la raison de la fréquence des interventions militaires européennes directes ou indirectes en Afrique. Si la France est la plus présente dans ces aventures guerrières en Afrique c’est sur la base d’une délégation européenne. Face à la montée des puissances émergentes, face à la concurrence économique états-unienne et chinoise, l’Europe mandate ainsi la France pour la défense des intérêts de l’ « Eurafrique » c’est-à-dire pour la consolidation d’un néocolonialisme socialisé à l’échelle de l’Union Européenne. Cette « Eurafrique » économique et militaire est un vieux projet de certaines fractions du capital financier européen. Elle a été freinée par les concurrences entre les différents pays européens qui tendent à être mises au second plan du fait de l’exacerbation de la concurrence liée à la mondialisation capitaliste. Voici comment Aimé Césaire alertait déjà en janvier 1954 sur l’Eurafrique en se trompant uniquement sur la nationalité du soldat :


« Je le répète : le colonialisme n’est point mort. Il excelle, pour se survivre, à renouveler ses formes ; après les temps brutaux de la politique de domination, on a vu les temps plus hypocrites, mais non moins néfastes, de la politique dite d’Association ou d’Union. Maintenant, nous assistons à la politique dite d’intégration, celle qui se donne pour but la constitution de l’Eurafrique. Mais de quelque masque que s’affuble le colonialisme, il reste nocif. Pour ne parler que de sa dernière trouvaille, l’Eurafrique, il est clair que ce serait la substitution au vieux colonialisme national d’un nouveau colonialisme plus virulent encore, un colonialisme international, dont le soldat allemand serait le gendarme vigilant(4).»

 

Ces guerres directes ou indirectes(5) sont la seconde cause de la pression migratoire. Ce n’est pas seulement pour survivre économiquement que des milliers d’africains risquent leurs vies en méditerranée mais pour fuir les guerres européennes et leurs conséquences en termes d’installation de régimes dictatoriaux ou pire encore le chaos comme en Lybie ou au Congo avec l’installation de « seigneurs de guerres » avec lesquels le commerce peut continuer. Le discours médiatique de la catastrophe masque également la responsabilité européenne vis-à-vis de cette cause des migrations contemporaines.

 

APE


Frontex ou la création des conditions d’un assassinat de masse

 

Si les causes évoquées ci-dessus suffisent pour comprendre la hausse de la pression migratoire, elles ne suffisent pas à expliquer l’augmentation du nombre de décès au cours de la migration. Pour cela il faut orienter le regard vers les réponses de l’Union Européenne à cette pression migratoire. Ces réponses se concrétisent depuis 2005 par l’action de l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne (FRONTEX). Le statut d’agence offre une autonomie importante qui a été encore renforcée le 10 octobre 2011 en l’autorisant à posséder désormais son propre matériel militaire. Les moyens financiers mis à disposition de FRONTEX sont en augmentation constante : 19 millions d’euros en 2006 et 88 millions d’euros en 2011(6).


Concrètement l’agence organise des patrouilles militaires afin de refouler les migrants vers des pays voisins d’une part et signe des accords avec des États tiers pour qu’ils fassent barrage en amont sur les candidats à la migration d’autre part. Pour mener à bien sa première mission, l’agence dispose de moyens militaires en constante augmentation mis à disposition par les États membres ou en possession propre : plus d’une quarantaine d’hélicoptères et d’avions, d’une centaine de bateaux et environ 400 unités d’équipement tels que des radars, des sondes, des caméras, etc(7). Nous sommes bien en présence d’une logique de guerre contre les migrants. De tels moyens militaires permettent à l’agence d’assurer en particulier des patrouilles fréquentes dans les eaux territoriales des États membres mais également dans les eaux internationales. La Ligue belge des droits de l’homme décrit à juste titre l’agence comme une « véritable armée au service de la politique migratoire d’une Europe forteresse, menant à armes inégales une guerre aux migrants qui n’ont rien de soldats(8) ». Cette logique de guerre conduit les candidats à la migration à des prises de risques de plus en plus importantes pour échapper à la surveillance des patrouilles de FRONTEX. La hausse du nombre de décès n’est pas le fait d’une catastrophe imprévisible mais le résultat de décisions prises en toute conscience des conséquences meurtrières.


La seconde mission de FRONTEX consistant en la signature d’accords avec les pays africains riverains de la méditerranée n’est rien d’autre qu’une externalisation du « sale boulot » pour reprendre une expression de la juriste Claire Rodier(9). Les conséquences de cette externalisation sont logiques :


« Cette externalisation qui consiste, pour les Etats européens, à sous-traiter la gestion de l’immigration irrégulière aux pays limitrophes (Maghreb, Europe de l’Est) a plusieurs avantages : d’une part, elle opère un transfert du « sale boulot » (déportations de masse, détentions arbitraires, tortures) dans des pays dont les standards sont moins élevés qu’en Europe, en permettant de s’affranchir des obligations que les lois européennes imposent en matière de respect des droits de l’homme ; d’autre part, elle participe du rapport de dépendance que l’UE entretient avec son voisinage proche. Car, aux pays concernés, on promet, en échange de leur collaboration, le financement d’actions de coopération ou des contreparties de nature politique ou diplomatique(10). »


Aux morts de ma méditerranée, il convient donc d’ajouter les sévices, les brutalités et les morts de la sous-traitance. Ce rôle d’installation des conditions de l’assassinat institutionnel de masse est, bien entendu, absent des reportages que nos médias diffusent à chaque naufrage meurtrier.

 

FRONTEX

 

Le discours médiatiques sur les passeurs


Ayant occulté les causes structurelles de la hausse de la pression migratoire et les causes de sa traduction en décès dans la méditerranée, il ne reste au discours médiatiques qu’à ne se centrer que sur les passeurs. Ceux-ci seraient les seuls responsables de la situation et la lutte contre les réseaux de passeurs est présentée comme la solution. Le centrage des discours politiques et médiatiques sur les seuls passeurs contribue une nouvelle fois à occulter les véritables raisons des drames réguliers de la méditerranée.


Nous n’avons, bien entendu, aucune sympathie pour ces passeurs. Nous devons néanmoins rappeler que tant qu’il y a une demande de migrants, il y aura une offre de passages clandestins. C’est le propre des politiques qui ne veulent pas s’attaquer aux causes d’un problème social que de n’aborder que l’offre et d’occulter la demande. S’attaquer aux seuls dealers sans s‘interroger sur la demande de « paradis artificiels » d’un nombre grandissant de citoyens, adopter une politique prohibitionniste en matière d’alcool sans s’attaquer aux causes de l’alcoolisation, etc. Les exemples sont nombreux de ces politiques hypocrites prétendant agir sur les conséquences alors que les causes restent occultées.


Confrontés à une hausse des risques de contrôle, les passeurs sont incités à se débarrasser de leurs cargaisons encombrantes le plus tôt possible et par n’importe quel moyen. « De nouveaux éléments recueillis, mardi 16 septembre, par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) sont venus confirmer la thèse selon laquelle ce sont bien les passeurs qui ont volontairement embouti le bateau de centaines de migrants avant que celui-ci ne coule » souligne Elise Vincent dans l’édition du Monde du 16 septembre 2014. Si ces criminels doivent être poursuivis et jugés, il n’en demeure pas moins que de telles pratiques ne sont possibles que parce que la politique européenne en crée les conditions.


Ces mêmes orientations politiques créent une occasion de profit en or pour la mafia par l’exploitation de ceux qui ont pu échapper à la mort. Le journaliste de l’agence Reuter décrit comme suit cette nouvelle « poule aux œufs d’or » de la mafia à Lampedusa :


« Ici, à huit heures de bateau de la Sicile, la mafia fait déjà ses affaires en accueillant des migrants dans des centres exploités par des sociétés privées sur délégation de l’Etat. C’est toujours les mêmes qui gagnent les appels d’offre depuis des années. Un migrant rapporte en subvention une trentaine d’euros par jour. Avec ces dizaines de milliers de migrants, c’est un business en or, plus rentable même que le trafic de drogue, de l’aveu d’un gangster, piégé par des écoutes téléphoniques lors d’une enquête sur la corruption à Rome. Ce qui est vrai dans la capitale sera vrai partout en Italie. Une illustration de cette organisation, c’est le scenario, toujours le même, qui précède les secours. A bord des rafiots pourris partis de Libye, il n’y a rien à manger ou à boire, pas d’essence, mais un téléphone satellitaire pour appeler au secours. Un équipement bien trop coûteux pour les passeurs. A terre, les migrants fournissent une main d’œuvre à bon marché. Dans l’agriculture pour les hommes, dans la prostitution pour les femmes. Un véritable trafic d’esclaves, et les esclavagistes sont Africains et Italiens(11). »

 

Les travaux de recherche sur les discriminations considèrent qu’une des formes de celles-ci est la discrimination systémique c’est-à-dire étant la conséquence d’un système et non d’une décision volontaire de discriminer. Nous pouvons emprunter le même concept en ce qui concerne les morts de la méditerranée. Certes l’assassinat de ces migrants n’est pas direct. Il est en revanche le résultat inéluctable des politiques de l’Union Européenne tant dans sa politique africaine que dans sa politique migratoire, tant dans la hausse de la pression migratoire que dans sa traduction en décès à grande échelle.

 

Notes

 

(1) http://www.unhcr.fr/54871a45c.html,
(2) Communiqué de presse, Non à la signature de l’Accord de Partenariat Économique UE-Afrique de l’Ouest par le Conseil de l’Union européenne !, 11 décembre 2014, http://www.solidarite.asso.fr/IMG/p…,

(3) Jacques Berthelot, Il est urgent d’arrêter d’imposer les APE, 16 janvier 2013, http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/po…,

(4) Aimé Césaire, Le colonialisme n’est pas mort, La nouvelle critique, n° 51, janvier 1954, p. 28.

(5) Conférer pour aller plus loin, Raphaël Granvaud, Que fait l’armée française en Afrique, Agone, Marseille, 2009.
(6) Frontex, le bras armé de l’Europe Forteresse, demain le Monde, n° 18, mars-avril 2013.

(7) Ibid.
(8) Frontex : guerre aux migrants » – le document audio, http://www.liguedh.be/les-fichiers-…,

(9) Claire Rodier, Xénophobie Business, à quoi servent les contrôles migratoires, La Découvertes, Paris, 2012.
(10) Interview de Claire Rodier dans Libération du premier octobre 2012.
(11) Antonio Parrinello, Reuters du 17 janvier 2015.

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15 mars 2015 7 15 /03 /mars /2015 11:04

Quand une gréviste de la mutinerie subit des représailles Paris, ce dimanche 8 mars 2015 autour de 00h30 au bar « Chez Marie ». Alors que se déroule la soirée organisée par le collectif féministe « 8 Mars Pour Toutes », à l’occasion de la Journée de la lutte pour les droits des femmes, à la veille de la manifestation qu'il co-organisait également, une gréviste a été agressée violemment. L’agresseur en question s’avère être un ancien collègue, trans et rebeu, « anti-grève » du bar « la mutinerie ». Il y a en effet été animateur d’atelier de combat et, pendant la grève, a été promu videur et serveur quand les grévistes ont, iels, été licenciéEs. Durant la grève - organisée par un groupe de serveurSEs, musulmanEs queers of color qui dénonçait les conditions d’exploitation capitalistes, racistes et sexistes en usage dans ce bar et ayant conduit à une procédure juridique aux Prud’hommes (toujours en cours) - il a fait partie de ceux et celles qui se sont adonnéEs à des comportements de harcèlement à l’encontre des grévistes (voir textes blog de soutien aux grévistes). L’une d’ielles, identifiée à mauvais titre comme leadeuse du mouvement, a été particulièrement et régulièrement insultée, diffamée, menacée, molestée. C’est elle qui s’est faite agresser dans la nuit de samedi à dimanche. Durant cette soirée, la violence a gravi un sérieux échelon, et s’est donc exercée contre celle qui était déjà particulièrement exposée durant toute cette lutte. Guettant un moment où elle était seule dehors pour fumer, il a surgit du bar avec une arme blanche cachée derrière son dos (un verre à pied qu’il tenait comme un poing américain) et, inventant un regard déplacé, s’en est servi de toute ses forces pour frapper son visage. Alors qu'elle ignorait pour la énième fois ses propos virulents sans fondements, il a attaqué par surprise dans l'intention de la défigurer. Elle a été transportée par les pompiers aux urgences et a déposé plainte. Arrêté peu après l'agression, nous sommes bien conscient.e.s qu'il n'est que le bras armé racisé de figures mondaines blanches, bourges et racistes qui ont pris pour cible les grévistes depuis plus d'un an et demi, et qui notamment aux UEEH 2014*, ont souhaité dans un texte lu publiquement que "crève" la gréviste agressée (absente pourtant de l’évènement). Voici aujourd'hui les résultats de la division et de la violence orchestrées par les bourges blancs : côté gréviste, une meuf cis rebeue est violemment agressée, côté non gréviste un mec trans rebeu doit répondre de ses actes devant la justice, alors que les plus grandEs responsables de cette situation, ceux qui ont alimenté pour leurs profits, au sens propre comme au figuré, les divisions de race, classe et genre, peuvent dormir tranquilles. Cette haine démesurée et cette violence en dehors de toute lutte politique étaient déjà à l’origine de la grève. Si les grévistes étaient restéEs travailler là-bas, bien pire serait arrivé et bien plus tôt. Encore une fois, ça n'a rien de nouveau, la violence produite par la classe dominante circule entre les membres de la classe dominée, avec ici une agression violente contre une gréviste ! En plus de l’agression, une plainte déposée depuis par l’agresseur à l’encontre de cette gréviste et, parmi d’autres, contre les deux amis, trans of colors et musulmans, qui l’accompagnaient ce soir-là ! Nous tenons également à exprimer notre colère face à la réaction, ou au silence complice, de certaines personnes organisatrices de cette soirée (patronne/staff du bar, militantes féministes du collectif « 8 mars pour toutes »...) : certaines (en guise de « solidarité féministe » peut-être?) n'ont rien trouvé de mieux que de planquer l’agresseur dans la réserve et de nous empêcher l'accès au bar. Pire, lors d’une soirée féministe contre les violences, c’est l’épicier d’à côté qui a pris soin de notre camarade blessée. Honte à vous, à votre silence et vos mensonges. De quel féminisme parlons-nous quand, laissée dans son sang par des « militantes » qui protègent son agresseur, la seule alternative laissée à la victime pour espérer une quelconque justice, c'est de faire appel à la police qui, elle, a eu accès au bar ? De plus, nous avons eu vent de la version qui a circulé pendant la manif, quelques heures à peine plus tard, concernant les faits survenus lors de cette soirée : la personne agressée aurait d'abord donné une claque avant de recevoir le châtiment mérité pour toute meuf qui ne plie pas : une balafre sur son visage. Ce scénario va, par ailleurs, à l’encontre de ce que quelques dizaines de témoins, proches ou inconnus des protagonistes ont vu : une agression gratuite de la part de la personne arrêtée qui porte son coup par surprise. Il serait temps pour tout-e-s de comprendre que le féminisme n'est pas qu'un label pour vendre de la bière ou de « l'art alternatif" mais bien un engagement (social et politique) concret contre les violences, y compris dans le milieu féministe, y compris autour de soi. En tant que meufs et queers of color, cette communauté n’est définitivement pas la nôtre. Et s’il faut faire appel au système pour nous en défendre, malgré sa violence structurelle à notre égards, nous n’en auront pas honte. Parce que la vraie honte devrait venir du fait qu’il nous apparaît parfois moins violent pour nous que cette communauté LGBT blanche mondaine. Face à cette violence déchaînée, il nous faut construire nos propres alternatives, nos combats de façon autonome et concrète, faute d’une alternative communautaire qui refuse encore de se voir en oppresseur et qui, à l’image de la société française, nous envisage systématiquement comme des suspects et auprès de laquelle il faudrait se justifier. Des témoins féministes de l’agression

*Universités d’Eté Euro-méditerranéennes Homosexuelles à Marseille (France)

https://soutienauxgrevistesinsoumiz.wordpress.com/2014/05/02/comprendre-la-greve-qui-a-lieu-a-la-mutinerie/

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14 août 2014 4 14 /08 /août /2014 12:42

« Les Hommes palestiniens peuvent-ils être des victimes ? Genrer la guerre d'Israël sur Gaza », Maya Mikdashi, Jadaliyya, 23 juillet 2014

« A Gaza il y a un garçon debout et il attend…de dormir », Mazen Kerbaj

Chaque matin nous nous réveillons avec la mise à jour de l'inventaire d’un boucher : 100, 200, 400, 600 Palestinien-ne-s tué-e-s par l’appareil de guerre israélien. Ces nombres masquent beaucoup de détails : la majorité des Gazaoui-e-s, qui vivent sur un territoire parmi les plus densément peuplés et les plus appauvris de la planète, sont réfugié-e-s d’autres régions de la Palestine historique (1). C’est une zone brutalement assiégée d’où on ne peut se protéger de l’assaut israélien. Avant cette « guerre », Gaza était une sorte d’espace en quarantaine, avec une population maintenue captive et colonisée par l’habilité d’Israël à bafouer le droit international en toute impunité (2). Et cette population est sous régime de dépendance - en matière d’alimentation, d’eau, de médicaments et même de déplacements – auprès de ses colonisateurs. En cas de cessez-le-feu, Gaza demeure colonisée, fermée, sous blocus, c’est-à-dire, une prison à ciel ouvert, un camp de réfugié-e-s gigantesque.

Un détail au sujet des morts toutefois est continuellement repris dans les médias dominants basés en Occident : la grande majorité des Palestinien-ne-s assassiné-e-s à Gaza sont des civils et ces sources ajoutent que parmi eux se trouve un nombre « disproportionné » de femmes et d’enfants. Le meurtre de femmes et d’enfants est horrible, cependant, dans la répétition de ces faits dérangeants, il manque quelque chose : le deuil de l’opinion publique pour les hommes palestiniens assassinés par la machine de guerre israélienne. En 1990, Cynthia Enloe (3) a inventé le concept « femmesetenfants» afin de réfléchir à la mise en place d’une rhétorique genrée pour justifier la guerre du Golfe. Aujourd’hui, nous devons être conscient-e-s de la façon dont le cliché « femmesetenfants » est véhiculé au sujet de Gaza et plus largement de la Palestine. Il accomplit plusieurs exploits rhétoriques, dont deux principaux : d’un côté, le regroupement des femmes et des enfants au sein d’une même catégorie indistincte, regroupé-e-s par « similitude » de genre et de sexe ; de l’autre, la reproduction du corps de l’homme palestinien (et plus généralement de celui de l’homme arabe) comme toujours déjà dangereux. Ainsi le statut des hommes palestiniens (une désignation qui inclut les garçons âgés de 15 ans et plus, et parfois aussi jeunes que 13 ans) comme « civils » est toujours perçu comme douteux.

Cette manière de genrer la guerre d’Israël sur Gaza est proche de la rhétorique de la « Guerre contre le terrorisme », et comme Laleh Khalili l’a remarquablement démontré (4), proche de la stratégie contre-insurrectionnelle et du « war-making » plus globalement. Dans ce cadre, le meurtre de femmes, de filles, de pré-adolescents et de jeunes garçons est à relever tandis que les adolescents et les hommes sont présumés coupables de ce qu’ils auraient pu faire si on les avait laissés en vie. De plus, ces adolescents et hommes sont potentiellement dangereux non seulement pour les soldats qui occupent leur pays mais aussi pour les « femmesetenfants » qui sont les réel-le-s civils. Les jeunes garçons après tout peuvent grandir pour devenir de violents extrémistes. En tuant le corps, on désamorce ce potentiel.

Ainsi avec cette logique, la critique de la guerre d’Israël sur Gaza se voit répondre, sur un ton très sérieux, des allégations sur le « sort » des femmes et des homosexuel-le-s « sous » le Hamas. Récemment, un porte-parole d’Israël a répondu à Noura Erakat, qui condamnait la violation par Israël des droits universels de l’être humain, en partageant cette pépite de sagesse : « Le Hamas, ils n’autoriseraient pas une jeune femme progressiste laïque à exprimer ses opinions tel que vous le faites, m'dame. Il ne permettrait pas à mes amis gays d’exprimer leur sexualité librement». Cette allégation vise à mobiliser la rhétorique genrée de la « Guerre contre le terrorisme », rhétorique qui joue sur les registres émotionnels du progressisme états-unien en dévoyant le féminisme et les droits des LGBTQ [Lesbiennes, Gais, Bisexuelles, Trans', Queers]. Ce même dévoiement permet à l’islamophobie et à la guerre d’être promues comme un bien populaire et international – après tout, c’est bien « nous » qui défendons les personnes sans défense des ravages des hommes arabes et musulmans (5). Laleh Khalili a nommé ceci « l’usage d’une narration genrée pour distinguer ceux et celles qui doivent être protégé-e-s de ceux que l’on doit craindre et détruire ». Ce discours est si efficace qu’il n’a pas besoin de s’appuyer sur les faits : il les outrepasse.

La machine de guerre israélienne, un peu comme celle des Etats-Unis en Afghanistan ou en Iraq, ne protège pas les queers, les femmes et les enfants palestinien-ne-s. Elle les tue, les mutile, les sépare de leurs proches – pour la simple raison qu’ils sont Palestinien-ne-s, et donc pouvant possiblement être tué-e-s en toute impunité à la vue du monde entier. Aujourd’hui, la différence entre les « femmesetenfants » palestinien-ne-s et les hommes palestiniens n’est pas la production de cadavres mais plutôt la circulation de ces cadavres à l’intérieur d’un cadre rhétorique dominant et grand public qui détermine qui a droit d’être pleuré sur la place publique comme véritables « victimes » de la machine de guerre israélienne.

Le grand nombre de « femmesetenfants » mort-e-s suffit à mobiliser le président des Etats-Unis et les Nations Unies à faire des déclarations dans lesquelles la violence est « condamnée » - mais le meurtre, l’emprisonnement, la mutilation des hommes et garçons palestiniens en temps de guerre et de cessez-le-feu restent tus. En Israël, les hommes, les colons et même les soldats sont présentés en victimes du terrorisme et de l’agression de Palestiniens. Tous ont droit à un deuil public. A l’inverse, dans presque tous les cas où les garçons et les hommes palestiniens sont spécifiquement pris pour cibles par Israël, comme en témoigne le profil des prisonniers politiques et des assassinats ciblés, ils ne sont pas vus par les médias grand publics basés en Occident comme victimes du terrorisme et de l’agression d’Israël. Les Palestiniens doivent se défendre afin d’être reconnus comme êtres humains, c'est-à-dire, reconnus dans la mort ou la vie comme victimes des actions et des manoeuvres politiques israéliennes.

Le sexe est souvent perçu comme un accident de naissance : après tout, nous n’avions pas notre mot à dire lorsque nous étions encore au stade du développement dans l’utérus. Nous ne pouvions émettre une opinion quand d’autres décidaient que nous étions nées avec un vagin (et donc que nous étions femmes) ou nés avec un pénis (et donc nous étions hommes). De la même façon, le péché originel de plus d’un million de Gazaouis – péché qui les rendent passibles d’être tués, mutilés, sans abris par voie aérienne, terrestre ou maritime – est d’être nés Palestiniens. Le terme « Palestinien » les façonne comme menace et cible, tandis que les termes « homme » et « femme » proposent en soi une manière dont leur mort pourra être présentée. Les Palestiniens ne peuvent ni choisir ni contester le fait d’être nés Palestiniens, sous un régime de type colonial ou dans des camps de réfugié-e-s dispersés aux alentours des frontières de leur Etat-nation. Ils ne se sont pas [tous] décidés à s’installer à Gaza de leur proche chef. Pour reprendre Malcolm X, ils ne sont pas arrivés ou n’ont pas atterri sur Israël, c’est Israël qui est arrivé et a atterri sur eux (6).

De plus, la surenchère sur le meurtre de « femmesetenfants », en excluant celui des garçons et hommes palestiniens, normalise les structures et les acquis du colonialisme israélien tout en les dissimulant. On opte en effet pour «véritables civils » et « civils potentiels ». Les hommes étant toujours déjà suspects, on imbrique la violence dans la chair. L’anéantissement de vies, uniques et personnelles, de femmes et d’enfants, est massifié et réduit à l’ordre de seules statistiques. Les Palestiniens sont présentés comme ayant l'alternative de soit être une menace pour Israël et donc de mériter la mort qu’il reçoive, soit de ne pas en être une et donc de mériter la poursuite de la colonisation déguisée en « cessez-le-feu » ou, avec plus d'euphémisme, en « paix » (7).

De toute façon, inutile de saisir une arme en Palestine pour être révolutionnaire ou « ennemi-e » d’Israël. Inutile de protester, de jeter des pierres ou d’agiter un drapeau pour être dangereux. Inutile de dépendre des tunnels cachés pour de la nourriture et des médicaments contre le cancer pour être considéré-e-s comme faisant parti-e-s de l’infrastructure civile du terrorisme. Pour être une menace à Israël, il vous suffit simplement d’être Palestinien-ne-s. Pour Israël, les Palestinien-ne-s servent de rappel qu’il y a un « autre » - un irritant, une tache, une compréhension consciente ou inconsciente que la possibilité pour l’un d’être une « nation juive » ou une « démocratie juive » est inexorablement liée à la présence ou l’éradication de l’autre.

De même, chaque homme, femme et enfant palestinien-ne-s évoluent dans une infrastructure rhétorique et matérielle, qui les identifie et les dénombre, les séquestre et les place en quarantaine, les occupe et les divise, les prive de leurs droits et leur impose le sous-développement, les assiège et part en guerre contre eux en toute impunité. Ces agissements, quotidiens, ont fini par ne plus nous indigner. Peut-être n’est-ce pas surprenant étant donné l’effacement et la normalisation de la mort lente, du génocide, de la violence structurelle, de la dépendance vécue quotidiennement dans les réserves des Natif(ve)s Américain(e)s ou sur les territoires aborigènes d’Australie. En réalité, c’est la normalisation du colonialisme de peuplement d’Israël (8) qui produit la guerre actuelle sur les réfugié-e-s vivant-e-s dans la prison à ciel ouvert de Gaza comme un « événement » détaché et condamnable. C’est par la faute de ce colonialisme de peuplement que Gaza est évoquée comme annexe et différente de la Palestine historique, que la « Cisjordanie » et « Gaza » sont deux entités séparées et séparables, plutôt qu’une seule nation divisée et exilée entre des territoires détachés par ces pratiques coloniales. La guerre actuelle repose sur la poursuite de la violence quotidienne structurelle et informelle qu’affrontent les Palestinien-ne-s vivant-e-s à Gaza, en Cisjordanie ou en tant que citoyen-ne-s palestinien-ne-s en Israël : de la monopolisation des ressources, au tarissement de l’eau, en passant par la démolition des maisons, les check-points, les routes réservées aux colons, les débats sur le « transfert » de population, jusqu’aux prisons débordées et à la citoyenneté de seconde zone. La Palestine historique, du fleuve à la mer, est une colonie israélienne, à différents stades de succès.

Les hommes, les femmes et les enfants palestinien-ne-s sont un seul peuple – un peuple assiégé et sous occupation coloniale. Ils ne devraient pas être distingué-e-s dans la mort en raison de leur appareil génital car cette distinction reproduit une hiérarchie des victimes et mort-e-s dignes d’être pleuré-e-s (9). Les Israélien-ne-s juif-ve-s (dont les soldats et les colons) occupent le plus haut degré de cet échelon macabre, les hommes palestiniens le plus bas. Cette hiérarchie est à la fois racialisée et genrée, connexion qui permet au concept de « femmesetenfants » palestinien(ne)s d’émerger, d’attirer publiquement et internationalement la commisération par les seuls spectacles de violence, ou « guerre » - mais jamais dans la lenteur et le silence des mort-e-s sous les conditions d’occupation coloniale - temporalité propre au « cessez-le-feu ». Insister sur le droit de pleurer publiquement et également chaque mort-es palestinien-ne-s, hommes, femmes, enfants – au moment d’une invasion militaire et aussi pendant le quotidien de l’occupation et de la colonisation, c’est revendiquer leur droit en premier lieu à pouvoir exister (10).

Traduction de Doyle, relue et corrigée par J., de l’article « Can Palestinian Men be Victims? Gendering Israel's War on Gaza », disponible à l’adresse suivante : http://www.jadaliyya.com/pages/index/18644/can-palestinian-menbe- victims-gendering-israels-w

Autre diffusion sur : http://www.info-palestine.eu/spip.php?article14907

1 http://www.merip.org/primer-palestine-israel-arab-israeli-conflict-new

2 ERAKAT Noura, article « No, Israel Does Not Have the Right to Self Defense In International Law Against Occupied Palestinian Territory », dans Jadaliyya, 11 juillet 2014

3 ENLOE Cynthia, article « Womenandchildren: making feminist sense of the Persian Gulf Crisis », dans The Village Voice, 25 septembre 1990

4 KHALILI Laleh, article « Gendered practices of counterinsurgency », dans Review of International Studies, Volume 37, Issue 04, October 2011, pp 1471-1491

5 GORDON Neve, PERUGINI Nicola, article « On 'Human Shielding' In Gaza », dans Contercurrents, 20 Juillet 2014

6 Malcolm X, discours « We Didn't Land On Plymouth Rock », au Founding Rally pour l'Organization of Afro-American Unity, 28 Juin 1964

7 http://electronicintifada.net/content/no-ceasefire-without-justice-gaza/13618

8 Sur cette question, lire "Qu'est-ce que le colonialisme de peuplement?" de Maya Mikdashi, dans Jadaliyya, 17 juillet 2012

9 EL-SHARIF Farah, article « Is Palestinian Life Grievable? », dans The Islamic Monthly, 21 juillet 2014

10 BUTLER Judith, livre Precarious Life: The Powers of Mourning and Violence, Verso, 2004

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6 août 2014 3 06 /08 /août /2014 20:57

Ce texte a été distribué et affiché aux UEEH 2014.

 

Il est disponible également sur le blog de soutien aux grévistes de la Mutinerie où vous trouverez aussi les récentes publications suivantes :

 

- Tract des grévistes aux UEEH 2014, faisant le point sur la mobilisation et annonçant la saisie des Prud'hommes : http://soutienauxgrevistesinsoumiz.wordpress.com/la-greve-a-la-mutinerie/mutinerie-a-la-mutinerie-la-greve-continue-diffuse-aux-ueeh-2014/ (également disponible en anglais)

 

- Mécanismes de manipulation du patron décrits par J., serveuse démissionnaire en soutien à la grève : http://soutienauxgrevistesinsoumiz.wordpress.com/aux-alentours-de-la-greve/texte-de-ja-serveuse-demissionnaire-en-soutien-a-la-greve/

 

Les trans racisés disent NON à l’instrumentalisation de la question trans par les soutiens de la mutinerie :

 

Nous sommes trans et non blancs/racisés. Nous vivons dans notre chair le fait que ces deux aspects de nous-mêmes nous précarisent. Nous sommes à la fois grévistes et soutiens de la grève à la mutinerie. Nous en avons plus que marre que le patron de ce bar et tous ceux qui le soutiennent utilisent la question trans pour faire diversion sur les questions d’exploitation capitaliste, raciste et sexiste dénoncées par les grévistes.

 

Les rappels sur la transidentité du patron sont malhonnêtes car on dirait que lui seul était trans et concerné par des oppressions de genre et sexualité. Or le patron de la mutinerie n’est pas un trans perdu tout seul au milieu de personnes cis (c’est à dire non trans). Il est un trans dans un milieu queer : il y avait d’autres trans, précaires et aussi non blancs. A la mutinerie, peu importe ses opinions politiques ou identités, il est un patron. Un patron qui a comme employé-e-s des meufs, trans ou cis, des mecs trans et des gouines. Ce n’est donc pas sa transidentité qui est déterminante, mais le fait qu’il est le patron de ces personnes.

 

Un patron, qu’il/elle soit homo, bi, lesbienne, trans, ou tout ce qu’on voudra, est un ennemi de classe face à ses employé-e-s. Le capitalisme a de beaux jours devant lui s’il suffit que le patron ne soit pas l’homme hétérosexuel cis pour qu’on arrête de le combattre avec la même détermination.

 

Combien de trans ont accès à la possession d’une entreprise ? Sûrement très peu. Ce ne sont que des privilèges de classe qui peuvent le permettre dans un monde aussi transphobe, et cela a des implications concrètes. En possédant un bar, le patron de la mutinerie n’est pas concerné par les discriminations à l’emploi puisque c’est lui qui embauche . Pareil, pour trouver un logement, il est favorisé contrairement aux autres trans qui n’ont pas les filets de sécurité dont il dispose pour constituer un dossier. Tant mieux pour lui, mais qu’il n’essaie donc pas de se transformer en une victime d’un complot transphobe quand ses employé-e-s noirs et arabes, queers et trans, précaires, se rebellent contre lui. On accuse les grévistes « d’utiliser le politique » mais que font le patron et celles/ceux qui le soutiennent avec la question trans ?

 

Quand des trans sont précaires, exposé-e-s à de grandes difficultés matérielles, sans emploi et logement, nous refusons catégoriquement qu’un sujet aussi sérieux que la transphobie serve à défendre un patron bourge. Alors oui nous sommes trans, mais redisons ici que le patron de la mutinerie est un ennemi de classe. Dans ce contexte, la transidentitié ne suffit pas à nous rendre frères et soeurs, et vu le racisme et le classisme qu’a révélé cette grève, nous ne le serons jamais.

 

Enfin, si tous ceux qui soutiennent le patron parce qu’il est trans s’intéressaient vraiment à la condition des trans :
Pourquoi ont-ils été plus pris de compassion pour la situation du trans patron et pas du tout pour celle du trans gréviste ?
Pourquoi n’ont-ils pas non plus hésité à salir de manière raciste les trans non blancs en soutien à la grève, en les accusant par exemple de vouloir « casser le bar », choses qu’ils n’ont jamais dites ?
Et puis comment ont-ils pu penser qu’ils défendaient réellement la cause trans en utilisant autant de procédés anti féministes, en persistant à dire, malgré le nombre croissant de personnes impliquées dans la grève et en soutien, que ce n’est qu’une histoire « de meuf frustrée d’avoir été larguée » même quand ceci est totalement faux ?
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27 mars 2014 4 27 /03 /mars /2014 20:20
> RECAPITULATIF DE LA GREVE A LA MUTINERIE DEPUIS LA REUNION DU 15 DECEMBRE 2013 :
En tant que témoin de cette réunion, j'ai à ma disposition l'ensemble du CR tapé main par les deux autres témoins et moi, ainsi que les e-mails échangés entre les grévistes et Ju, le patron (1, voir note en bas de page), depuis cette date.

Autant l'dire tout de suite. Les derniers textes "communiqué de l'équipe de la mutinerie" et la "lettre ouverte", en plus de l'attitude de Ju depuis cette date, sont consternants :
- la somme dite exorbitante pour les indemnités a été fixée par Ju et une autre témoin que moi. En aucun cas par les grévistes !
- la dead-line du 16 janvier, qui devait être l’occasion de faire le point sur l’acquittement des promesses faites par Ju en réunion, et celle du 16 février, où l’ensemble des sommes dûes devaient être acquittées et permettant de mettre fin à la grève, ont été établies en accord avec Ju !
- la veille seulement de la date de la 1ère dead-line (soit le 15 janvier), il annonce ceci :
"Après réflexion, il est devenu clair qu'il m'est impossible à titre personnel de vous verser ce 16/1 la somme de 10502.01€. La Mutinerie n'étant pas en mesure de faire face à ses obligations immédiates (loyers, fournisseurs, impôts), elle n'est pas plus en mesure de dégager un tel montant. De toute façon même si le bar avait cet argent il serait impossible de sortir une telle somme non déclarée, l'argent que je vous ai versé a déjà attiré l'attention du comptable, je n'avais aucun moyen de le justifier. Donc soit vous me proposez un autre échéancier plus en rapport avec la réalité financière du bar soit, je le répète, je vous déclare rétroactivement de manière à faire les choses en toute légalité."
- il renie donc avoir été à l'origine de l'échéancier, de la somme et ne s'intéresse visiblement pas à la galère financière dans laquelle il enfonce les grévistes, qui s'attendaient à toucher leur dû maximum avant le 16 février pour pouvoir se tourner vers l'avenir ou simplement payer leur loyer ! Un mois pour assurer que tu tenais tes promesses, un mois pour les grévistes à avoir attendu pour du vide. Pourquoi ne rien proposer de convenable et de décent à la place ? Sans aucune forme d'excuses dans l'ensemble du mail, évidemment. Visiblement, tu n'vis pas sur une planète où on a besoin d'argent pour vivre et de reconnaissance d'injustices pour se reconstruire.
- des autres engagements qu'il avait pris en réunion où il avait réitéré sa bonne foi et dit que, cette fois-là, ce ne serait pas des paroles en l'air, il a également "oublié" de : faire parvenir la programmation en cours à la Mutinerie auprès des grévistes, organiser une réunion de médiation entre les grévistes et le salarié dénoncé comme raciste. Il n'a jamais non plus réécrit sa lettre d'excuse officielle, rejetée par les grévistes comme totalement insuffisante, qui devait avoir vocation publique et officielle.
- face à la violence du retournement de veste de Ju du 15 janvier, la date du 24 janvier est acceptée par Ju et les grévistes pour réaffirmer une limite à la satisfaction des doléances. Dans leur texte envoyé à Ju le 22 janvier, les grévistes demandent : "Pour répondre à ton dernier mail sur l’heure, le lieu etc… Nous laissons à ta charge l’organisation de la prochaine réunion : trouver un lieu neutre, vérifier la disponibilité des participants, préparer un ODJ [ordre du jour] commun" sachant qu'iels avaient porté la charge de la tenue de la réunion du 15 décembre.
- Stupeur (sans étonnement cela dit) : Pas de réponses. Jusqu’à ce que Ju demande piteusement le 23 janvier : "Euh.. du coup c'est annulé demain c'est ça ?". Voilà le genre de claques que se prennent les grévistes depuis octobre, des remises en cause des engagements de base et l'incapacité même de se voir lu et entendu...
- Il se permet toutefois le 1er février de déclarer, après une semaine de silence radio dû à lui : "J'ai pas compris pourquoi la réu du vendredi 24 était annulée.." bah, c'était à toi de l'organiser, de nous (aux grévistes et aux témoins) donner une date, un lieu peut-être ???! Et plus loin, "Je vous ai répondu très précisément sur la coopérative par exemple et vous annulez à la dernière minute et sans raison la réunion du 24.. J'aime bien comme vous dépensez plein d'energie à écrire des longs mails qui parlent de comment je suis lâche comment je mythone etc.. en éludant les choses concrètes".
Oui concrètement, les grévistes et les témoins attendent toujours que tu lises leur mail concrètement et que tu leur donnes concrètement une date, des horaires et un ODJ d'une réunion. Alors, avant d'insulter les grévistes en leur disant qu'elles annulent au dernier moment les réunions, cherche dans le miroir le responsable de cette galère lamentaaaaaaable.
Les grévistes ont une vie, des problèmes personnels, accentués financièrement et socialement depuis le début de la grève, et iels en ont marre de ton irresponsabilité qui a mené à de telles discriminations et violences sociales dans un bar queer TPG féministe. Répondre à chacun de tes textes facebookiens ou de tes mails à côté de la plaque, ça devient du temps perdu malheureusement. Pourquoi prendre même la peine de répondre quand iels se voient encore saliEs alors que tu n'es pas capable de lire un mail jusqu'au bout et de t'en acquitter ??
La réunion du 15 décembre t'avait demandé d'agir, d'arrêter les promesses en l'air, d’arrêter d’entrer à des fins personnelles en contact avec les grévistes... Encore un mensonge cinglant ?
> INSTRUMENTALISATION DES VIOLENCES SEXUELLES :
Pour celles et ceux qui l'ignorent, Ju a fait partie des personnes qui ont dénoncé l'instrumentalisation des violences sexuelles par "Petunia" commise à des fins personnelles transphobes, dénoncée par la brochure « Paranormal Tabou ».
Dans son dernier texte "lettre ouverte" le patron de la Mutinerie Ju dénonce la minimisation des violences sexuelles par les grévistes parce que "s' [il] avait effectivement accusé cette personne de viol, personne ne m'a demandé ce que [il] aurait pu avoir vécu."
Il dit que l'accusation d'agresseuse sexuelle par l'une des grévistes est mensongère et n'a jamais été colportée par lui. Plus loin : "Si j'avais porté cette accusation qu'est ce qui vous fait penser que c'est forcément faux ?"
Tu le nies maintenant, soit. Mais tu persistes et signe à la traiter d'agresseuse dans un second cas. Tu sais, celui qui m'concerne, bouffon.
Récit d'un mensonge mal caché :
- fin octobre 2013 : il soutient qu’en plus de lui-même, cette même gréviste aurait abusé et harcelé sexuellement un "trans racisé" de Paris proche de la Mutinerie (dans un mail envoyé à une autre gréviste). Assez vague pour laisser le suspense, mais y'a trop peu de "trans racisé" dans cette communauté pour que je ne finisse pas par être cité.
Autant l'dire clairement : cette gréviste ne m'a jamais agressé, ni harcelé sexuellement. D'ailleurs, il ne s'est même jamais rien passé entre nous ! C'est ouf nan, la vérité parfois? Alors, le suspense perdure, qui donc peut-être ce fameux "trans racisé" abusé et harcelé sexuellement par une gréviste ? Le nom n'est pas donné aux grévistes, sachant que je les soutiens depuis octobre, j'aurais pu rapidement nier en bloc et l'exposer.
- seulement parallèlement, début octobre 2013 : son ex qui est encore salariée au bar, se voit révéler de la bouche même de Ju que c'est bien moi qui ait été abusé par une gréviste! Plus pratique certainement de colporter cette merde à celles et ceux qui n'avaient pas encore quitté l'bar pour que j'leur dise moi-même que ça s'appelle un affreux mytho. Sachant qu’il sait que son ex est aussi survivante de violence sexuelle (2), il a carrément joué avec ce mensonge sur ses sensibilités autour des violences sexuelles pour la monter contre une des grévistes.
Tu sais c'qu'il te dit le trans métis? il t'emmerde.
C'est terrifiant d'voir qu'un mec, qui se prétendait ton super pote, et qui savait mes angoisses liées aux violences sexuelles à cause de mes propres traumatismes, colporte ce genre de foutaises pour sauver son royaume et son ego... tu pues à dix kilomètres.
Cette accusation de viol commis par une des grévistes ne s'est donc pas close sur la négation glorieuse de la rumeur du viol dans ta "lettre ouverte" après 6 mois de trashage des grévistes. Non, puisqu’en même temps, tu colportais cette accusation ridicule, humiliante pour elle et moi d' "agression et de harcèlement sexuel". Il aura fallu 6 mois aussi pour débrouiller ce second mensonge et rétablir une communication entre grévistes, ex de Ju, ex-travailleuses à la Mut’ et bénévoles solidaires de la grève pour avoir le fin mot de cette sombre nouvelle histoire d'instrumentalisation des violences sexuelles.
Maintenant :
NE DONNE SURTOUT PAS DE LECON DE MORALE sur les violences sexuelles à ceux et celles qui pâtissent de celles-ci et de leur instrumentalisation par TOI SEUL.
COMMENT LAISSER PASSER que des accusations de viol, d'agressions et d'harcèlements sexuels aient été utilisées comme diabolisation absolue d'une personne ? Sans compter les accusations bourgeoises et racistes de vol, de travail et de violence d'Arabe (3) et de paresse des NoirEs, dignes des pires clichés coloniaux français…
Les accusations de violences sexuelles sont trop graves et destructrices pour être balancées sans raison contre quelqu'unE. ARRETE DE VIDER DE SON SENS l’accusation de « violence sexuelle » en la balaçant à tort et à travers !
COMMENT LAISSER PASSER que Ju, qui dénonçait il y a plus d'un an l'impact destructeur sur la vie d'une personne du stigmate de "violeur" ou d' "agresseur sexuel" par quelqu'une qui instrumentalisait la question des violences sexuelles, se prenne au même jeu pour salir une grève et donc la délégitimer? Ce n'est pas la question légitime, politique et publique des violences sexuelles qui a dépolitisé la compréhension de cette grève, seulement son usage calomnieux à des fins personnelles pour jeter le discrédit général sur les grévistes.
COMMENT LAISSER PASSER que Ju manipule le récit de gens qui ont, pour des raisons de vécu personnel traumatique, des fragilités à l'évocation de crimes sexuels, dans le seul but de redorer son image de gentil patron assiégé de toutes parts par des gens crapuleux ?
KHALASS !

> PAS BESOIN DE MEA CUMPA SI TU N'AGIS PAS :
Dans le dernier « Communiqué de l’équipe de la Mutinerie » publié sur facebook, les salariéEs actuelLEs (4) de la Mutinerie et rédacteurRICEs, reconnaissent la pertinence des grévistes en ce qu’iels ont signalé à juste titre des « dysfonctionnements » structurels.
A quoi peut bien servir de reconnaître l’existence et la permanence d’une structure raciste, sexiste et classiste si en même temps vous vous permettez de :
- Retenir les indemnités encore dues aux grévistes au nom de la solvabilité du patron
- Faire la morale du « vous ne montrez pas de bonne volonté » alors que le patron abuse de ses pouvoirs, ne tient pas ses engagements et est incapable de lire un mail des grévistes
Non, couper les vivres et vomir une morale bourgeoise du mérite n’a rien d’anticapitaliste, tout comme défendre l’intérêt financier du patron. Non, ça ne démontre absolument pas une dynamique de défaire la structure classiste du bar.
Si par anticlassisme, vous entendez «il ne faut pas stigmatiser les pauvres et les prolos", ce n’est qu’une stature morale. Rompre avec la domination capitaliste du bar signifie concrètement se défaire du pouvoir financier entre les mains d’un seul. Et vous continuez de maintenir les grévistes en situation de quémander, en ajoutant l’humiliation supplémentaire d’exiger d’iels de montrer « un peu d’bonne volonté ». Vous n’avez visiblement pas compris le sens de « comment devient-on aggressif-ve »…
L’idée d’une coopérative au final ne profiterait à celles et ceux qui profitent encore des faveurs du patron après l’exclusion des indésirables… Waah, ça c’est d’la remise en question !
A l'image de la société bourgeoise, la Mutinerie dresse au mérite les employéEs rebelles pour de l'argent, même s'il leur est dû depuis maintenant 6 mois !
Oui, même dans le milieu queer TPG féministe, les grèves peuvent être très longues et donc extrêmement pénibles pour les grévistes.
> PARIS A CHOISI : la Défense du lieu plutôt que des grévistes et des oppriméEs. La Défense plutôt que la Justice.
Le culte du "droit à la neutralité" face à la violence sociale, quand pourtant ce droit à la neutralité est automatiquement et légitimement soupçonné de complicité tacite dans les cas de violence sexuelle, n'a jamais été tant clamé par cette pseudo-communauté (et véritable oligarchie blanche-bourge) que depuis le début de la grève à la Mutinerie.
Pourquoi ? parce que les réseaux d'affinités des mondainEs peuvent se maintenir et continuer à faire la fête, face à la moindre importance de la question de la race et de la classe ainsi que de ceux et celles qui l'a vivent au quotidien dans leur chair et dans leur porte-monnaie.
CertainEs n'ont vu dans l'apparition d'une grève à la Mutinerie, non pas la mise en lumière de dysfonctionnements éthiques et politiques graves et d'instrumentalisations de nos luttes, mais le risque de voir leur lieu d'atterrissage pour un Mojito remis en cause. L'intérêt. L'intérêt.
Si c'était réellement par crainte de voir un énième lieu TPG queer féministe disparaître, l'évidence voudrait que l'auto-destruction programmée de la Mutinerie par ces pratiques dégueulasses internes (et non par l'existence d'une grève) ait amené la plupart à prendre parti contre l'impunité du patron et contre la poursuite de consommation au bar et de soirée hip-hop blanche... mais non.
En somme, les queers of color victimes du système raciste et bourgeois d'la Mutinerie n'était bien QUE minoritaires (pas seulement en nombre mais en terme de rapport de force) et donc négligeables. La majorité blanche et bourge peut continuer à clamer un droit à la consommation au bar puisque QUAND MEME ce lieu est vachement politique et safe contrairement aux autres pour nous.
Devinez qui se cache derrière le nous : pas d'renois, pas d'rebeus, pas des ex du patron, encore moins celles qui ont refusé de se soumettre, ni des genTEs qui n'ont plus de quoi payer leur loyer.
Lors des premiers mois de l'ouverture de la Mutinerie, des réunions de bénévoles de la Mut avaient été lancées pour faire vivre l'espace permis par ces nouveaux locaux TPG féministe queer. Un des premiers dilemmes qui l'a fallu aborder était la question de la gestion des violences : faut-il mettre en place une défense milicienne du lieu ou plutôt créer des séances d'auto-défense à titre d'émancipation individuelle ? il avait été refusé net de pratiquer la Défense du lieu, même de la Mutinerie parce que beaucoup d'entre nous ne savaient toujours pas répliquer aux agressions trans-bi-lesbo-homophobes et sexistes de leur quotidien.
Il faut constater que beaucoup étaient quand même prêtEs à débarquer pour lutter contre Quintonic pris pour des Catholiques de la Manip pour Tous, au pied levé. L'ennemi sera toujours facho et extérieur. Quand il s'agit de se mobiliser contre l'oppression interne au lieu, les TPG queer féministes solidaires se comptèrent bizarrement sur les doigts d'une main.
Aujourd'hui, les récents torchons du patron et des employéEs réaffirment tranquillement, dans le silence général (5), que la Défense (ici financière) du lieu passera avant les exigences saugrenues des grévistes de se voir payéEs et être reconnuEs victimes de diffamations et de racisme structurel.
> COMMENT AGIR POUR REELLEMENT CHANGER LA DONNE :
- DENONCER LE SEXISME du patron envers ses ex et employéEs qu'il a maintenue dans un rapport de concurrence. DENONCER LA DOMINATION PATRONALE lorsqu’il renvoie et salit celles qui osent décliner, non c’est NON. DENONCER L’INSTRUMENTALISATION DES VIOLENCES SEXUELLES à des fins personnelles mais aussi à des fins de hiérarchisation des luttes (visiblement, la lutte contre le racisme et le capitalisme, aux chiottes!) et de dépolitisation de la grève (alors même que les violences sexuelles ne doivent pas être déconnectées d'une lutte politique publique!).
- ARRETER D’EXIGER DES GREVISTES QU’IELS SE CALQUENT SUR VOS CHOIX D’ACTIONS autour de la grève : insistance et chantage à l’AG pour obtenir du soutien (dont la tenue dépendrait de la transformation du bar, de SAS en association, et de la constitution d’un CA, sinon quelle légitimité ?) alors même que les grévistes ont très tôt exprimé leur refus de négociations stériles avant l’obtention au préalable de la reconnaissance, d’égalité des droits, d’excuses et d’indemnités. Ce ne sont pas vos vies et votre réputation qui sont malmenées mais bien celles des grévistes. Accorder de la valeur aux paroles des grévistes, ce n’est pas essayé de faire des AG pour parler à leur place !
- DEMANDER DES COMPTES à votre bar « préféré » sur les indemnités et les excuses publiques et officielles toujours en attente pour les grévistes. A l'heure qu'il est, la galère ne fait que s'accentuer pour les grévistes : déjà 6 mois de grève, du mépris et de la complicité raciste et antigrève sur facebook !
- BOYCOTTER toute forme de consommations et participations à la Mutinerie tant qu'elle ne prend pas acte de la gravité de la situation qu'elle maintient sur les grévistes (urgence financière, stigmatisation et diffamations des grévistes, etc...). Seule une pression globale permettra l'obtention de réparations et de changements de la structure interne.
1 : Le patron est trans comme il veut qu'on le rappelle. Effectivement, la transphobie existe et fait des ravages. Seulement lui fait partie de ces 0.01% de personnes trans qui peuvent se permettre d'être patron avant l'âge de 30 ans. Pas comme l'autre trans renoi gréviste, pour qui travailler dans ce bar signifiait la fin des entretiens d'embauche transphobes faisant craindre le pire au taff. Là, contrairement à toi qui pleure pour ton bar, lui comme les trois autres grévistes se retrouvent en grande difficulté, allant jusqu'à perdre son studio pour aller vivre chez une amie. Les bourgeois ne s'en rendent peut-être pas compte : mais se mettre en grève, en général, comme pour ces quatre grévistes, c'est se priver de revenus, se mettre dans la merde, surtout si la grève traîne. Alors quand la transphobie précarise des trans blancs, ceux qui contrairement à toi ne sont pas nantis, et qu'elle sur-précarise puissance mille des trans renois ou rebeux, nous n'allons certainement pas pleurer sur ta solvabilité bancaire alors que ton patrimoine personnel et familial est intact et qu'aucun-e des quatre grévistes n'ont jamais eu ce filet de sécurité. La transphobie est une question trop sérieuse pour qu'elle te serve à masquer tes privilèges de patron.
2 : ce point est publié avec le consentement de la personne concernée.
3 : Personne n’a oublié, Ju, que ta première réaction en octobre, à l’annonce que ton « super pote » trans, rebeu et muslim venait te parler de ta douteuse gestion de bar, ait été de répandre la rumeur qu’il vienne te taper et « casser le bar ». Voilà comment sont traitéEs les grévistes et leurs soutiens, par des stigmates racistes et islamophobes.
4 : Précisons ici que depuis le début de la grève, « l’équipe» actuelle, dont le nombre de grévistes et de démissionnaires en soutien à la grève a obligé le patron à renouveler sa main d’oeuvre se permet de juger publiquement la grève. Comment des employéEs embauchéEs après le début de la grève peuvent se proclamer « collectif » et statuer légitimement sur les revendications des grévistes et une situation qu’iels n’ont donc pas connu ? Et, tandis que de nouveauxELLEs salariéEs arrivaient, les grévistes se voyaient proposer des indemnités de « chomâge » ??!
5 : à l’exception du soutien de queers of color, de quelques féministes radicales et des Comités de Soutien Grenoblois, Marseillais et Parisien aux grévistes de la Mutinerie.
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26 août 2013 1 26 /08 /août /2013 11:52

ici je reproduis l'annonce du BBoy Konsian pour l'annonce de la sortie d'la compil' en soutien aux prisonniers de Villiers-le-bel, qui recevront tous les bénéfices :

" La compilation 'Liberté pour les prisonniers de Villiers-le-Bel' disponible en CD et Digital Le 25 novembre 2007, Lakhamy Samoura et Moushin Sehhouli décèdent suite à la collision de leur moto avec une voiture de police, à Villiers-le-Bel. Les policiers quittent leur véhicule et s’empressent de fuir la scène. Quelques heures plus tard, la version officielle, relayée par les médias, est établie : les policiers ne sont pas responsables, la mort des deux adolescents, dont on salit la mémoire en les présentant comme des délinquants, est due à leur imprudence.

Face au mensonge d’État, la colère de centaines d’habitants de tous âges explose. Les trois nuits de révoltes seront matées par l’envoi de centaines de policiers. Plusieurs dizaines de policiers sont blessés, notamment par des tirs d'arme à feu, le président de la république demande que des têtes tombent pour laver l'affront. A la « pacification » policière succède une longue phase de répression judiciaire.

Trois séries de procès ont eu lieu, apportant chacun leur lot de condamnations. Depuis février 2008, Abderrahmane et Adama Kamara sont incarcérés. Condamnés sans preuves et essentiellement sur la base de témoignages anonymes rémunérés, en 2010, puis en appel en 2011, à des peines de 15 et 12 ans de prison, les frères Kamara ont fait les frais d’un procès pour l’exemple.

A l’inverse, les rares procès où des flics ou des matons sont mis en cause pour violences, ou même homicides, aboutissent à des non-lieux, des acquittements ou des peines dérisoires. Depuis bientôt 6 ans, après une série de non-lieu et de renvois, le flic responsable de la mort de Lakhamy et Moushin a eu droit à un procès mené par un juge complice complice et un procureur complaisant qui a demandé sa relaxe.

Les familles des victimes attendent toujours que Vérité et Justice soit faite. Parce que de Amiens à Marseille, les crimes policiers, les révoltes et la répression se répètent, parce que les violences policières et la prison touchent au quotidien les quartiers partout en France, les initiatives de solidarité doivent se multiplier. Avec cette compilation, des rappeurs de toute la France se mobilisent pour lutter contre les crimes racistes et sécuritaires.

Les bénéfices de la compilation seront intégralement reversés aux prisonniers. Liberté pour les frères Kamara ! "Liberté pour les prisonniers de Villiers-le-Bel", la compilation de soutien réalisée par BBoyKonsian et Angles Morts est disponible dès à présent en format CD et Digital. Tracklist : 1) Akye "Intro" 2) Fils du Béton "Le verdict" 3) Kommando Toxik "Antiporc" 4) Les Evadés "Quand le chien aboie" 5) Dangereux Dinosaures "L’or du Vatican" 6) Ancrages "Les morts n’ont pas tous la même peau" 7) Six Hood "Monde d’hommes" 8) Hardkore & Âme "Gueule froide" 9) Dirty Jack "Interlude" 10) Fik’s et P.Kaer "Vérité et justice" 11) B.James "Bois d’ébène" 12) Mayday (Killabizz) feat Renno et Nitro "Jugés coupables" 13) Ksir Makosa "Tcheck ça" 14) Kash Leone "Injustice" 15) Soledad "A qui la faute" 16) Corbac "100 rancune : chapitre 3" 17) Aïckone et Soldat TK "Personne" 18) Première Ligne "La valeur d’une larme"

Mastering: Skeez Artwork: H - www.horsigne.com Contact: anglesmorts@gmail.com Le CD est en vente à 10 euros dans notre boutique en ligne ici: www.bboykonsian.com/shop/Liberte-pour-les-prisonniers-de-Villiers-le-Bel_p850.html La version Digital est en vente à 8 euros sur le Bandcamp BBoyKonsian: bboykonsian.bandcamp.com/album/libert-pour-les-prisonniers-de-villiers-le-bel

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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 09:11

Aujourd'hui je laisse parler ma meilleure pote Cam, via son blog, Histoire d'une chasseuse de chansons, pour deux articles brillants sur comment la notion de race s'est imposée aussi durablement dans la musique américaine à partir notamment des méthodes et idéologies des collecteurs blancs de folk songs (son domaine d'étude) qui avaient le goût du  "primitivisme" des "negro songs".

premier article : http://histoiredunechasseusedechanson.blogspot.fr/2012/10/toc.html

" En favorisant les musiques qui seront plus tard regroupées sous l’étiquette folk, Odum entérine l’idée primitiviste selon laquelle la culture des populations noires est inférieure à celle de la société blanche civilisée. Comme le souligne Marybeth Hamilton, il partage la vision selon laquelle «la valeur culturelle des Africains-Américains réside dans leurs caractères rural et primitif, et alors qu’ils abandonnent ce rôle, quelque chose d’essentiel est en train de se perdre.» "

la suite : http://histoiredunechasseusedechanson.blogspot.fr/2012/10/toc_17.html


Lomax : « l’éducation moderne est désastreuse pour le chant folk des Noirs.»

J'en profite au passage pour saluer ses recherches historiques, musicales et sociales rares encore en français sur la notion d' "authencité musicale" créée par l'imaginaire des folkloristes, sur la collectionneuse Sidney Robertson minorée par l'histoire musicale américaine et en général sur ses travaux de visibilisation des cultures rurales états-uniennes des 20's/30's.

Je vous laisse la contacter pour plus de renseignements et de conseils, c'est une mine et un amour !

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 09:11

     Le football, ce sport que j'adore, est malade d'un tas d'trucs : de trucages, du capitalisme1, de l'invisibilisation et de l'absence de moyens du cécifoot et du foot féminin, du racisme dans les tribunes et dans les fédés, de la surenchère médiatique, du mercato, du chauvinisme et du "on a gagné", de l'anti-jeu, de la violence viriliste sur le terrain et hors du terrain, de son succès...

     Personne en revanche ne peut m'empêcher de penser que c'qui fait du football un sport génial, c'est l'usage quasi-unique des pieds. C'qui implique l'exigence d'apprendre, de perfectionner des mouvements et des frappes peu évidentes au premier abord. Ca implique de comprendre des mouvements physiques de la balle, de développer une agilité de contrôle de celle-ci durant la course, de vision aigue du terrain pour repérer ces coéquipierEs les mieux placéEs et les zones à éviter. Personne ne peut également m'empêcher de savourer l'aisance technique et la créativité de jeu des équipes argentines et espagnoles, du FC Barcelone de ces dernières années et de bon nombre de ses joueurs... J'y vois d'l'art, j'y peux rien.

     C'est toujours mieux que la traque anti-coréenne des fédé italiennes après leur élimination par la Corée du Sud lors de la Coupe du monde 2002, la caricature raciste de Balotelli en King-Kong dans la presse, la promotion sexiste du foot féminin français par Adriana Karembeu, mieux que la seule personne interrogée dans les médias sur cette équipe féminine française soit l'entraîneur mec, qu'à chaque Ramadan on t'explique d'un air très sérieux que les joueuSErs musulmanEs sont inaptes alors à jouer...

     J'aurais pu dénoncer, outre les discriminations liées au monde du foot, le fait que Christiano Ronaldo en frimant perde toujours la balle sur des vieux dribbles2, j'aurais pu me réjouir de voir son Réal écrasé la Coupe du Roi3 piquée au Barça en 2011 mais non, j'n'en dirai rien....

     Mais y'a parfois des nouvelles qui m'font plaisir ces derniers temps comme le boycott qui s'organise contre l'Euro 2013  masculin des - d'21 ans en Israël4, comme le fait que les femmes voilées ne soient (pour l'instant) plus empêchées par la FIFA de participer aux compétitions5, comme aussi la mort de Thierry Roland6.

     Autre bonne nouvelle :

     Plusieurs matchs des BleuEs aux JO de Londres (phase éliminatoire) seront retransmis à l'ex-Unity Bar, 176-178 rue Saint Martin à Paris. Pour les intéresséEs, les matchs du 1er tour :

- 25 juillet : Etats-Unis - France (retransmis dès 17/18h)

- pas de retransmission au bar malheureusement de France - Corée du Nord (8è rang au classement FIFA), le Nat Jones Trio se produira en concert ce soir-là.

- 31 juillet : France - Colombie (retransmis dès 17/18h)

     L'occasion de retrouver Louisa Nécib, Gaëtane Thiney, Wendy Renard, Marie-Laure Délie, mais aussi Hope Solo, Abby Wanbach, Sawa, l'espoire Iwabuchi et l'équipe sud-africaine historiquement qualifiée !

      C'est rare que j'écrive un article enthousiaste (même si vous m'direz qu'il est contrasté ça et là de mauvaise humeur) parce que j'aurais tort de le faire. Et oui, suite à l'annonce de la FIFA de permettre le port du hijab aux joueuses de football qui le désirent, la FFF a de son côté officialisé son interdiction aux licenciées françaises7...

      Ce racisme, au nom des principes féministes et laïques, induit tout bonnement l'impossibilité aux femmes musulmanes voilées de jouer et de travailler. Cette interdiction poursuit la campagne de restriction des libertés individuelles en France, qui étaient à l'origine protégées par la loi de 1905, dans le but de stigmatiser et réprimer les musulmanEs.

     Cependant, si l'ouverture de la FIFA envers les femmes musulmanes voilées est une avancée contre leur exclusion du monde sportif, elle ne doit pas masquer que pour certaines équipes le port du hijab pourrait ne pas être optionnel (mais rien n'est certain). Alors qu'en France, le choix du port du hijab par les footballeuses n'est même possible puisqu'il est carrément interdit.

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1 : link "Un joueur espagnol quitte ce football où 'tout n'est qu'est qu'argent' ", article du Monde.

2 : ses auto-dribbles fameux link ; j'aurais pu ajouter ceux du récent Euro...

3 : link

4 : link Article et pétition contre l'Euro 2013 masculin des - de 21 ans prévu en Israël sur Info-Palestine.

5 : link, article du Parisien ; Article de France Antilles : link ; Article de Oumma : link

6 : link "Thierry Roland est mort : la machine à hommage médiatique s'emballe", article de Rue 89.

7 : link "Football : La France interdit à ses licenciées le port du voile", article de Libération.

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17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 13:17

j'transfère les infos relatives à la soirée de soutien, extraites du site Etat d'exception : http://www.etatdexception.net/?p=779

 

"Soirée de soutien aux prisonniers de Villiers-le-Bel et aux victimes de crimes racistes et sécuritaires au C.I.C.P à Paris le dimanche 22 avril 2012
Soirée Vengeance d'Etat CICP 22 avril
Horaire : de 17h à 22h
Tarif : 5 euros
Le 21 octobre 2011, le verdict du procès en appel des « tireurs présumés » de Villiers-le-Bel est tombé.
Deux acquittements et des peines de 3 à 15 ans de prison ferme ont été prononcés.
Quatre ans après la mort de Lakhamy et Moushin, provoquée par la collision de leur moto avec une voiture de police, et les révoltes qui ont embrasé Villiers-le-Bel, la Justice a enfin assouvi le désir de vengeance de l’État.
L'enfermement des deux frères Kamara, condamnés à 12 et 15 ans de prison, est un gage donné aux forces de répression, qui ont besoin d'être rassurées sur le bien-fondé de leur travail de pacification des quartiers populaires, y compris quand celui-ci engendre des morts, et sur le soutien indéfectible qu'elles recevront systématiquement de la part de la Justice.
Villiers-le-Bel n'est pourtant pas une exception. Aujourd'hui, tous les procès où les actes des flics ou des matons sont mis en cause aboutissent à des non-lieux, des acquittements ou des peines dérisoires. Lamine Dieng, étouffé par la police en 2005, Abdelhakim Ajimi, étranglé par la police en 2008, Ali Ziri, battu à mort par la police en 2009, et Jamal Ghermaoui, « suicidé » par les matons de Nanterre en 2011, sont autant d'exemples de l'insécurité policière et carcérale, de la brutalité de la violence d’État en France.
Les prisonniers de Villiers-le-Bel, tout comme les familles de ces « vies volées » par les flics et les matons, ont besoin de soutien et de solidarité.
Rassemblons-nous et organisons-nous pour eux et contre les violences d’État. "

 

Jamel des Lilas, extrait de "A Villiers-le-Bel, la souffrance est la même" / à propos du procès en appel de 5 Noirs :
En bref, les éléments biographiques des accusés, leurs témoignages et ceux de leurs soutiens sont autant de marqueurs raciaux destinés à dénier toute « normalité » à ces personnes et à empêcher toute empathie que pourraient éprouver les membres du jury à leur égard. « Dans un procès où les éléments matériels sont absents, ces descriptions aux allures de vérité scientifique pèseront lourd dans la décision du jury [2] ». Car ici, tout fonctionne à l’envers. On commence par l’examen des personnalités des accusés, l’évocation d’ « enquêtes sociales » aux allures de rapport d’administration coloniale, l’énumération des infractions enregistrées dans un casier judiciaire exhibé comme une preuve de monstruosité, pour finir par l’examen des preuves matérielles (quasi inexistantes) en rapport avec l’accusation. Si à la fin du procès la cour ne parvient à convaincre personne que ces cinq-là sont les auteurs des tirs, elle aura au moins permis de prouver que si ce n’est pas eux, ils sont quand même susceptibles d’avoir commis ce qu’on leur reproche. Avec des éléments à charge aussi légers et devant des descriptions aussi précises que « individu de type africain... ou portant une cagoule noire », on arrivera même à la conclusion que la nuit, tous les Nègres se ressemblent.
[2] Collectif Angles Morts, Vengeance d’État, op. cit., p.92.
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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 14:29
Le mouvement punk, côté backstage

Bizarrement, quand on parle de sexisme et d'homophobie en musique, y compris dans les milieux militants, seul le rap est visé. Ce genre de généralité ne touche bizarrement pas les mouvements punk, goth, indus, mouvements qui n'ont toujours pas bien nettoyé leurs accointances historiques avec les fachos, les néo-nazis* pourtant. Ni critiqué la romanticisation de gens tels que Sid Vicious, célébré pour son crime dit "passionnel" sur Nancy Spungen... Voilà, vous pouvez dégueuler un coup.

Comme si, une fois de plus, la stratégie droitiste de désigner un bouc-émissaire racisé/prolo dans ce système sexiste bien ancré dans notre république dite laïque ne visait qu'à dénoncer les débordements d'une seule frange de la production musicale** : les banlieusardEs noirEs, muslim, rebeus à casquette, au mic, MC ou DJ.

 

A tel point qu'avec des fans de rock/metal/punk, c'est devenu très fréquent d'entendre des discours anti-cailleras, anti-rap, pro-police... heu ???

Les skingirls et les skinheads savent que la frontière entre apolitisme, rock anti-cailleras (dit rac, anciennement rock anti-communiste), rock natio, racisme et fascisme est fragile et a été plus d'une fois franchie par des groupes et des parties d'la scène punk mais aussi les fans de hardcore, d'indus, de métal...

 

Péniblement argumentée, cette phobie du rap génère alors des critiques dans tous les sens :

-"c'est commercial !"

- Et Blink 182 ? c'est du r'n'b ? Et qu'est-ce que tu penses sinon des reformations à 50e le concert des Sex Pistols ?

 

Faut juste pas croire que le rap, c'est M6 ou Skyrock. Inversement Oui FM, Virgin Radio, Le Mouv', c'est pas représentatif du rock'n'roll non plus.

Alors Blink est certes un mauvais exemple, mais balancez Sexion d'assaut pour attaquer le genre hip-hop dans son ensemble, c'est aussi hallucinant.

Et puis, tout genre musical à la mode bénéficie d'une promo très commerciale des groupes/artistes en vue. On peut dire la même chose du néo-métal, du emo, de la techno...

 

"C'est sexiste!" Oui, c'est vrai le hip-hop présente un large éventail de chanteurs virilistes mais on parle moins de la fierté des queens bitchs, des butchs du rap, du hip-hop out, des groupes de rap militants (et nombreux) pour une société égalitaire et un antiracisme/antifascisme radical...

 

Toute la société est rongée par le sexisme, l'homophobie, la lesbophobie, la transphobie et le racisme. Et aucune frange de la musique n'y échappe, y compris et surtout même la varièt'. Il suffit de passer 3 fois de suite au supermarché "Etre une femme 2010" de Sardou pour faire de n'importe quelle caissière Valerie Solanas.

 

Même un classiques soul féministe comme "Respect" interprété par Aretha Franklin est né à la base de la pensée ultra-misogyne du pourtant brillant musicalement Otis Redding. Rappelez-vous les paroles : " All I'm askin' is for a little respect when I/you get/come home"... dans l'une des versions, une femme (Aretha) exige d'être traitée - just a little bit - comme un être humain à part entière quand son mec rentre, dans l'autre - la même chanson - un mec (Otis) exige reconnaissance de sa supériorité économique et l'écrasement de sa meuf quand il rentre chez lui. Glauque.

 

C'qui m'intéresse maintenant c'est d'parler d'un genre que ses adeptes jugent trop souvent irréprochable car alternatif (dans l'meilleur des cas) et rebelle, à défaut de n'pas être toujours très militant, voire carrément simpliciste, c'qui peut faire son charme aussi. Le punk. 

 

Mais Hey ! Ho ! Let's Go ! Le punk comme milieu majoritairement blanc, d'une jeunesse issue bien plus des classes moyennes supérieures ces 30 dernières années qu'à ces débuts, même si pour certainEs, c'est dur à admettre, contient une bonne dose de sexisme, de transphobie, de racisme, de lesbophobie, largement banalisés lors des concerts et autres joyeuseries***... Par exemple, encore trop souvent les meufs du milieu sont perçuEs comme les "meufs de" et les pogos restent l'espace par excellence de démonstrations virilistes.

 

Quelques groupes célèbres, qui s'en être classés du tout à l'extrême-droite, se sont AUSSI distingués par leur stupidité absolue :

 

Starshooter - Macho :

 

Un des premiers grands groupes punk français, connus pour "Betsy Party" ou encore "Get Baque" mais là, c'est autre chose que leur humour et musique qui retiennent l'attention... en gros, tu apprendras qu'une meuf qui s'refuse à un mec, c'est une mal-baisée comme ces salopes de féministes; Féministes, nom commun pluriel, synonymes évidemment de coincées, paranoïaques et bourgeoises. Et avec ça, une fierté machiste. Soral, sors de l'ampli !

 

Anti-Nowhere League - Woman :

 La chanson parle d'elle-même : "Your tits are big but your brains are small (au pluriel, oui oui), sometimes I wonder you got any brains at all". Les fameux auteurs de "Street of Londons" aiment aussi désigner les femmes dans leur célèbre "I Hate People" par le plus affecteux "boring cunts". Si vous osez regarder le clip de '82 de "So What ?" après ça, leur sauvagerie ne peut visiblement pas se départir du virilisme phallique pitoyable du chanteur****.

 

Peter & the Teste Tube Babies - Transvestite :

 

"I kiss your lips slowly while I undo your dress, my hand reaches down to gently caress.

But there's something there that I didn't expect, it's hot and fleshy and it's getting erect.

I've been cheated tonight, transvestite. Is this some kind of joke, you're really a bloke."

 

Aahaha mais c'est d'l'humour, pourquoi t'en rigoles pas? Bah parce que contrairement à toi, ce discours là, j'le connais et j'en pâtis, bouffon. Justement, le discours des cisgenres tolérants (eurk ce mot) envers les trans (appelez bien sûr ici "travestis") est composé de 10% d'ahurissement abruti, 10% de colère ("c'est pas normal/naturel quand même, mais c'est quoi ton VRAI nom?") et 80% de "ils sont quand même drôles". Comportement inclus parmi les passantEs qui t'regardent lorsque tu fais la Marche des Fiertés, l'Existrans etc... Si tu trouves ça drôle qui plus est de dire que tu as été "trompé sur la marchandise" en draguant une femme trans, passe ton chemin, ce blog n'est pas fait pour des cons comme toi.

 

La Souris Déglinguée (L.S.D.) - Rien à encore changer :

Et là, j'm'attaque à un groupe que j'aime moi-même tout particulièrement, j'adore leur discographie, leurs textes et même... ce morceau! Mais y'a ce couplet :

 

"On rêve qu'on est à l'hôtel avec des américaines, qu'on les ken sans problèmes puisqu'elles sont américaines"...bah, oui, logique! semble-t-il...

 

Punk ou pas, les femmes sont toujours ramenées à de la marchandise sexuelle. Exunt leurs connaissances du genre musical, leur jeu d'batterie ou opinions politiques, l'intérêt d'beaucoup d'mâles du milieu ne s'place pas par là... D'où la condescendance ("ah, tu connais ça, toi ?"), le paternalisme ("tu veux mon blouson ?"), les réflexions uniquement sur ton look... Idem, attends toi à être perçuE comme bien exotique si t'es raciséE, trans, gouine, pédé... bref, ça t'changera pas trop des espaces plus mainstream...

 

Mais désespère pas : le queercore existe ( Limp Wrist !!! : link), l'afropunk aussi (link), les riot grrrl (link) et le taqwacore également (link). Et c'est tant mieux.

 

Et puis, les laisse pas dire que seuls les Clash et les Pistols ont défini c'qu'était l'punk quand X-Ray Spex (link), Bad Brains (link) ou les Buzzcocks (link) avaient compris dès les seventies que leur féminisme, leur africo-américanité ou leur homosexualité pouvaient être aussi politiques et révolutionnaires que leurs larsens...

 

Bon, parlons d'trucs plus récents, même si tous les groupes cités sont malheureusement incontournables dans l'histoire du punk/oï anglophones et francophones. Parlons Emo. 

 

Left Alone - I Hate Emos :

Derrière la critique punk de la culture emo, pour son appareil vestimentaire très fashion (c'est-à-dire pas DIY du tout) inspirée du punk/goth/néo romantique et plus axé sentiment que discours politique, se cachent les 3/4 du temps des arguments ultra-homophobes. Et, horreur, "they look like girls". Heureusement, l'ordre revient, dans la vidéo, avec un peu de queer bashing!!! Attention, c'est aussi atroce politiquement que musicalement. 

 

Cheap Sex - Fuck Emo :

Même principe, on les aime pas, iels ne nous emmerdent aucunement mais quand même, allons leur reprocher leur tenue et leur comportement déviants. Du coup, on parodie la vie d'un teenager emo : "Dear diary, my life is a complete fiasco, the dashboard show is this weekend and I can't even fit into my little sister's jeans anymore. My dad grounded me cause he caught me in my mom's makeup again."

 

FUCK U 2 (hihi), HOMOPHOBIC BANDS !

Rappelons que le discours anti-disco dans les 70's n'était que très superficiellement une critique musicale mais surtout une critique raciste et homophobe. On en est pas loin.

__________________________________________________________________________________________

* :  sur l'esthétique fascisante dans l'mouvement indus et le discours d'extrême-droite de certain groupes : link. Sur le national socialist black metal, le magasine antifa parisien Barricata avait fait paraître en mars 2005 un bon article dans leur revue. Et victoire ! les métalleuSESx antifa et anticapitalistes ont un blog et une scène musicale ! (link)

 

** : Ca m'rappelle cette sélection très étrange n'accolant des avertissements pour contenus violents, vulgaires et/ou pornographiques à retirer d'la portée des enfants qu'aux musiques issues principalement des communautés noires, latinos, rebeus (r'n'b, rap) ou aux musiques perçues comme non-chrétiennes (black metal, stoner)...

 

*** : sur les violences sexistes en milieu anarcho-punk  : link. Voir aussi la floppé de textes émergeants sur le sexisme ordinaire dans les milieux alternos/anars et sur l'antifascisme viriliste.

 

 **** : Clip de 1982  d'Anti-Nowhere League, "So What ?" (link)

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